La cité interdite

la Cité Interdite ne l'est plus. C'est du moins ce que le gouvernement chinois a décidé à propos de cette enceinte historique qui devint un musée dès 1925 à l'abdication du dernier empereur Qing. Pendant cinq siècles le Palais Impérial de Pékin fut le siège du pouvoir suprême des empereurs chinois Ming et Qing. Les travaux de construction entrepris entre 1406 et 1420 par l'empereur Yongle nécessitèrent une main d'oeuvre colossale estimée à un million d'ouvriers pour mettre en place architecturalement, l'expression de la toute puissance du Fils du Ciel aux commandes de l'Empire du Milieu.


Dans cette enceinte de 960 mètres sur 760, délimitée par des remparts massifs de 10 mètres de haut dominant des douves larges de 52 mètres, les empereurs trônaient au centre du palais dans la Salle de l'Harmonie Préservée, ne sortant de l'enceinte que dans de très rares occasions. De ce fait, coupés du monde réel, le pays était dirigé de manière parfois chaotique par certains empereurs plus attachés à batifoler avec leurs concubines, le pouvoir étant alors en réalité tenu par les eunuques du palais. Dans les dernières années de la dynastie Ming, ils dirigeaient pratiquement le pays de par leur nombre important (entre 70 000 et 100 000), ayant réussi à imposer leur pouvoir politique malgré les décrets qui devaient légalement les tenir éloignés de cette scène.



Aujourd'hui le gouvernement chinois souhaiterait que l'on appelle la Cité Interdite le Palais Musée. Quel que soit son nom, la visite des lieux est un grand moment au double sens : grand car historiquement nous pouvons replonger dans l'histoire des empereurs de Chine et flâner dans des zones strictement préservées du commun des mortels il y a moins d'un siècle, et grand moment car il faut des heures pour parcourir toutes les allées, tous les temples, toutes les salles et galeries.



Nous avons décidé de succomber aux charmes de la technologie en optant pour des "audio-guides" pour effectuer la visite de ce Palais Musée. La promesse d'une visite plus complète et surtout moins onéreuse qu'avec un guide "humain" nous est faite et la voix française dans l'oreillette nous promet quatre heures de visite si nous suivons le planning ! Tout est automatisé, des impulsions électromagnétiques déclenchant automatiquement les commentaires selon votre emplacement. De plus une carte de la Cité Interdite est dessinée sur le boîtier, ornée de diodes allumées (une trentaine) qui s'éteignent une à une au fur et à mesure des zones parcourues et commentées.

Les édifices que nous pouvons admirer et visiter aujourd'hui datent pour la plupart du XVII ème siècle car la Cité Interdite a été restaurée de très nombreuses fois à la suite notamment des nombreux incendies qui se sont déclarés dans l'enceinte. Le palais fut même réduit en cendres en 1664 par les Mandchous, brûlant par la même occasion des livres précieux et des calligraphies centenaires. Aujourd'hui rares sont les pièces originales encore visibles car les pillages furent également nombreux. Le plus grand date du XX ème siècle quand le Guomindang, à la veille de la prise de pouvoir par les communistes en 1949, emporta des milliers d'objets à Taiwan où ils sont aujourd'hui visibles au musée national de Taipei. Nous avons vu pu visiter quelques salles très hautement sécurisées (portes blindées, vigiles, caméras etc) qui présentent des calligraphies et des poteries et ces pièces rares viennent de toutes les régions de la Chine.

Au sud se trouvent les parties officielles et au nord les quartiers privés où résidaient l'empereur et sa famille. D'est en ouest s'étendent divers palais construits dans des espaces clos, demeures familiales où logeaient les épouses, les concubines et leurs enfants, chacun vivant séparé dans ces palais indépendants possédant chacun une cour ou un jardin.

L'ensemble, grâce aux restaurations successives est très bien conservé et aujourd'hui en 2006, le Palais de l'Harmonie Suprême est fermé au public pour cause de travaux. Le gouvernement de la République de Chine a classé la Cité Interdite comme monument historique majeur dès 1961, et en 1987 l'Unesco l'inscrivait sur la liste du Patrimoine Mondial ce qui a élevé son statut international. De ce fait le travail de conservation du gouvernement a été encore accru et de nombreuses campagnes de rénovations ont eu lieu débloquant des millions de Yuans nécessaires aux travaux.

Aujourd'hui il n'y a plus de bâtiments nécessitant une intervention vitale et des projets titanesques ont été menés à bien comme la rénovation des douves et des murs d'enceinte. Il semble que ce soit une réussite sur le plan de la conservation et le touriste en visite ici en bénéficie largement. Le prix de l'entrée est raisonnable, les guides "humains" nombreux et les « audio-guides » exhaustifs, peut être même un peu trop, mais ils sont bien utiles pour appréhender ces lieux et leur histoire. Il faut juste s'armer d'une bonne paire de jambes et des heures nécessaires à la visite de l'ensemble de ce Palais Musée qui se pose légitimement comme un de sites incontournables d'une visite en Chine.



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